Démons et merveilles (nouvelle).

Les fièvres m'assaillirent à deux heures le matin, un jeudi, le jour du concert de Delerm au Bataclan. Je devais prendre la route tôt dans la matinée, afin d'éviter la canicule. Et j'avais fait réviser le véhicule 15 jours avant, celui de ma mère, en fait. Cette nuit blanche me faisait peur, je n'aurais pas dormi une plombe en deux jours à l'heure du retour. Et l'autoroute, A13 puis A14 arrivé à Paris, deux péages direction les Champs, se garer au plus proche, métro, chaleurs, concert et retour à minuit. Une vraie galère J'habitais Evreux, je prenais des médicaments et je buvais du café: ce n'était pas prudent. 15 ans sans toucher une femme, c'est long. Alors on mate le porno, on s'astique le haricot et on peut s'attirer des emmerdes. J'en fis l'expérience ce soir là. Attablé au Café des Arts comme d'habitude aux alentours de midi, je dégustais un délicieux petit noir servi avec le sourire et une petite gourmandise offerte par Mélanie, la serveuse dont j'étais amoureux, sans me douter qu'une petite séance de drague estivale me coûterait la vie, mon boulot et ma santé mentale. Mon honneur également. Cette petite brunette, là-bas à la table en face, je l'avais repéré de longue date, n'avait pas les yeux dans la poche. Sa copine black non plus, qui me dévisageait méchamment, semblant me reprocher sans moufter les sourires que nous échangions, la brune et moi, elle concentrée sur sa salade et moi perdu dans mon journal. Je la connaissais, sûr...de l'hp ou du stage, les deux peut-être. Je la voyais avec sa fille, ou son mec, seule ou accompagnée. Mais je la connaissais et ses œillades ne m'impressionnaient guère, auxquelles je répondais par le plus courtois des compliments. Du style: « Une enfant comme vous, on ne l'oublie pas. Bon appétit! » Je me levais et quittais la terrasse ensoleillée sous les coups de butoirs de la black, sans me retourner, en route pour ma branlette quotidienne. Au moins, je penserai à elle...et puis on ne sait jamais: un jour peut-être! Fin.