23 septembre 2015

A l'Hôpital / #2 / Laius pompeux, verbiages foireux et coups tordus a go-go.

Lors d'une admission en psy, tout est affaire de mise en condition du patient. Il vous faut avaler les couleuvres ou bien faire semblant, jouer aux cons. Normal: personne n'y comprend rien, mais il faut bien justifier les salaires. Vous êtes entourés de professionnels expérimentés, sur-diplômés et estimez-vous heureux d'être encore vivants. En plus, ici, on mange et on dort gratis. On peut même passer son temps devant la télé, sans rien foutre. Un jour ou l'autre, si vous n'êtes pas contents, on vous dira sûrement que vous coûtez trop cher au pays. A la Sécu, quoi.
Et puis, ça suffit les conneries! Mensonges, vols, drogues, violences, prodigalité, crises pour un oui, pour un non: on va vous régler votre compte, arracher les mauvaises herbes, replanter autrement, en mieux. On préfère toujours les douleurs muettes, et fourguer médocs et morale populaire, parce qu'en plus, à cause des ministres, du fric ou même du Père Noël, on est débordé et payé comme des merdes. Ou si tu préfères, c'est les contentions et la chambre d'isolement.
On sait même pas c'que t'as, ou on t'le dira pas, pour ton bien. C'est comme les médocs, pas la peine de savoir, ça soigne, c'est tout. A chaque fois c'est pareil: tu passes deux, trois jours comme ça à errer dans le service et à taxer des clopes, quand t'as le droit de fumer. Sans ceinture, sans montre, sans lacets et en pyjama, tu piges pas tout de suite mais t'es bon pour la rééducation, terme parfois employé par une infirmière. Ca aussi, tu comprendras plus tard, quand t'entendras le personnel discuter.
Tu fais chier, rigoles, profites, tu pourrais avoir le sourire: tu vas bientôt sortir et retrouver la même vie de merde qui t'as conduit ici. Tu vas signer, hériter, mais ça, c'est ton tuteur qui s'en charge et tu deviens le loco du village, le proscrit de la famille et de ta bande de potes. Seul condamnable, seul coupable, tu peux déjà arrêter de te plaindre parce qu'on t'écoutera pas, et tu pigeras un jour qu'on t'a bien fait enfermer au lieu de te soigner. Enfants, parents, familles, amis: tous les mêmes, et tu finiras par comprendre la vie et le sens de tout ça: c'est tuer, ou être tué. Point barre.
A suivre.

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