07 août 2015

Empty Mouth (d'après George Orwell / 1984).

La bouche creuse, le sourire jauni, La prostituée se pâme dans son miroir, Et le visage blanc, et la chambre aux odeurs de cambouis, Me rappellent chaque soir ce que j'ai connu de vos femmes. Toutes catins, toutes éperdues D'amour, du moins, y'avaient-elles seulement cru, Que mon regard porté sur leurs atours Ne cherchait pas le déjà vu? Dans ma prison, je cherche le jour, Et je relis mon avenir Et mon passé comme seuls livres Qui vaillent la peine d'être ouverts. Et les flics remettent le couvert, Et je me sens soudain noirci Comme cette bouche sans dent, sans rire, Qui dans mes bras pleure un soupir. C'est bien moi! La prostituée! Et le temps d'arranger ma toilette, Je vois défiler sous ma fenêtre, Les hordes de guerriers prêts à me dépouiller. Je serai donc l'enfant soldat, celui qui n'a jamais grandi, Et sous les coups de crosse des supérieurs, Et dans la honte, la haine, la sueur, Je ne quitterai pas mon abris... Je resterai ici, Loin, bien loin du Paradis.

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